Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a publié, le 12 juin 2025, son rapport annuel sur les évolutions et perspectives des retraites en France.
Comme il le pressentait l’an dernier(lire KPS du 14 juin 2024), le système de retraite a rebasculé dans le rouge en 2024 avec un déficit estimé à 1,7Md€, soit de -0,1 point de PIB, hors charge et produits financiers. Un déséquilibre qui devrait encore s’accentuer pour atteindre -6,6Mds€ (-0,2 point de PIB) en 2030 et -1,4 point de PIB en 2070. Cette dégradation résulte de la forte revalorisation des pensions de base (+5,3% en 2024) et des pensions Agirc-Arrco (+4,9% au 1er novembre 2023) ainsi que par les mesures d’accompagnement de la réforme 2023, et en particulier par les revalorisations des petites pensions.
Comparé au rapport de l’an dernier, ces nouvelles perspectives marquent certes une amélioration (de 0,5 point de PIB) de la situation financière du système de retraite d’ici 2030 en lien avec la mise en oeuvre de la réforme de 2023. Mais cette embellie temporaire ne doit pas masquer la détérioration de 0,6 point de PIB observée à l’horizon 2070, à scénario central identique (autrement dit calé sur une hausse de la productivité horaire annuelle de 0,7% et un taux de chômage de 7%).
Les dépenses du système de retraite se sont élevées à 407Mds€ en 2024, en hausse de plus de 27Mds€ comparé à 2023. Cela représente 13,9 points de PIB (soit 0,5 point de plus que l’année précédente). Elles pourraient atteindre 14 points de PIB d’ici 2030 sous l’effet de l’augmentation moyenne du nombre de retraités (+0,8% en moyenne annuelle) et dans une moindre mesure de celle de la pension moyenne (+0,5% par an), cette dernière apparaissant toutefois en nette décélération comparé à l’an dernier du fait du ralentissement de l’inflation.
D’ici 2070, ces dépenses se stabiliseraient ensuite à un niveau élevé pour atteindre 14,2 points de PIB en fin de période de projection, là où, l’an passé, le COR tablait plutôt sur une lente décrue à 13,2%.
La réforme des retraites de 2023 a certes contribué à faire baisser la part des dépenses de retraite de 0,2 point de PIB d’ici 2030 grâce au recul de l’âge moyen de départ en retraite. En 2023, celui-ci atteignait 62,9 ans (contre 62,6 ans en 2021) et pourrait atteindre 64,1 ans en 2030 et 64,6 ans en 2070.
En revanche, ce report de l’âge moyen de départ serait toutefois plus que contrebalancé par la dégradation continue du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités. Ainsi la hausse du nombre de cotisants, évalué à 30,4 millions en 2023 (+300000 en un an) n’est pas suffisante pour compenser l’augmentation beaucoup plus rapide de celle des retraités : de 17,1 millions en 2023 à 21,6 millions en 2070.
De leur côté, les ressources du système de retraite qui s’élevaient à 405Mds€ (hors produits financiers) contre 384Mds€ en 2023, ont augmenté de près de 5,5% en un an et accaparent 13,9% de la richesse nationale contre 13,6% un an plus tôt. Sous l’effet principalement de la hausse de la cotisation à la CNRACL, le régime de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, la part de PIB dévolue aux recettes du système est appelée à progresser jusqu’en 2026 (14%), avant de s’infléchir de nouveau pour atteindre 13,8% en 2030 et 12,8% en 2070. Cette inflexion s’explique, comme les années précédentes, par la diminution des contributions d’équilibre allouées aux régimes de la fonction publique de l’Etat et à certains régimes spéciaux.