Le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) a publié, le 2 octobre 2025, son rapport sur les pratiques des médecins en matière de dépassements d’honoraires.
En 2024, les médecins libéraux inscrits en secteur 2 ont facturé 4,5Mds€ de dépassements d’honoraires, à raison de 4,3Mds€ pour les médecins spécialistes et 200K€ pour les généralistes. Cela représente une augmentation de 27% sur les 5 dernières années, soit une hausse de 5% par an en moyenne contre +2,7% par an entre 2010 et 2019. Alors que parmi les médecins généralistes, la part de médecins en secteur 2 apparaît résiduelle, celle des médecins spécialistes ne cesse de progresser passant de 64% en 2017 à 74% en 2024. Alors que plus de la moitié des effectifs de secteur 2 ont adhéré au dispositif de maîtrise optionnelle des tarifs (OPTAM et OPTAM-CO), le taux de dépassement, qui avait baissé entre 2012 et 2020, augmente de nouveau depuis tandis que la part d’activité à tarifs opposables est en repli, relève le HCAAM. 37 à 40% de ces dépassements d’honoraires sont pris en charge par les complémentaires pour un total compris entre 1,3Md€ et 1,6Md€ en 2022 en sus des tickets modérateurs dont ces organismes sont obligatoirement redevables (2,7Mds€). Mais ces dépassements constituent aussi une part non négligeable du reste-à-charge des ménages : environ 20% après intervention de l’assurance complémentaire (soit autour de 900M€), souligne le HCAAM.
Ces dépassements constituent un enjeu lourd pour la rémunération de certaines spécialités médicales, notamment pour réduire les écarts de revenus entre spécialités. Leur part atteint 40% du total des revenus des psychiatres, un tiers de celui des pédiatres, deux spécialités à revenus plus faibles. «Les dépassements sont en partie révélateurs, en creux, des limites du pilotage des tarifs opposables et des inadéquations tarifaires», estime le HCAAM, en laissant s’installer des situations de sous-financement de certaines spécialités propices à nourrir la dynamique de dépassement.
Au sein de chaque spécialité le HCAAM constate aussi une très forte dispersion des niveaux de dépassement pratiqués, selon les professionnels : les dépassements les plus élevés permettant à certaines catégories de professionnels de préserver leur revenu tout en réduisant leur activité. Ces dépassements apparaissent aussi plus élevés dans les territoires de grandes métropoles où les patients disposent de revenus plus élevés, contribuant ainsi à aggraver les disparités territoriales dans la répartition des spécialistes.