Le déficit des régimes de Sécurité sociale pourrait atteindre 21,9Mds€ en 2025

Publié le 04 juin 2025


La Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) a publié, le 3 juin 2025, son rapport sur la situation et les perspectives des comptes des régimes obligatoires de Sécurité sociale faisant ressortir une aggravation des déficits. 
En 2025, le déficit de l’ensemble des régimes de base (Fonds de solidarité vieillesse inclus) pourrait atteindre 21,9Mds€, soit un niveau légèrement moindre que celui acté dans la LFSS pour 2025 (22,1Mds€). En revanche, cette prévision traduit une nette dégradation des comptes des régimes de base par rapport aux déséquilibres actés en 2024 (15,3Mds€) et 2023 (10,8Mds€). 



Cette détérioration des comptes intervient en dépit de l’injection, en 2025, de 6,4Mds€ de recettes supplémentaires liées au plafonnement des exonérations de cotisations patronales (lire KPS du 28 février 2025). Comparé aux prévisions actées dans la LFSS pour 2025 en début d’année, la conjoncture économique s’est encore dégradée : outre le ralentissement des perspectives de croissance du PIB en 2025 (désormais limitée à +0,7 point contre +0,9 point), la masse salariale sur laquelle est assis l’essentiel des recettes des régimes de base est victime d’un sérieux coup de frein lié à la dégradation de l’emploi (-0,4 point au lieu de -0,1 point escompté dans la LFSS) et à de moindres revalorisations salariales (+2,4 au lieu de +2,7 point). 



Les dépenses continuent, en revanche, de croître de façon plus dynamique (+3,6%) que les recettes (+2,6%). Si la poursuite de la désinflation permetde limiter la revalorisation des pensions de retraite et des prestations familiales en 2025, les dépenses de la branche maladie continuent d’augmenter rapidement. A défaut d’un «encadrement effectif des dépenses de soins de ville», les risques de dépassement de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (fixé à 265,9Mds€ dans la LFSS pour 2025, en hausse de 3,7% en un an) sont « importants », selon le premier avis rendu par le Comité d’alerte rendu en avril. Or, sur les 4,3Mds€ d’économies à réaliser pour tenir l’ONDAM, 1,1Md€ «restent à concrétiser», relève la CCSS notamment dans le secteur des produits de santé (600M€), des transports et de la radiologie. En outre, les volumes d’indemnités journalières et d’actes réalisés par les différents segments d’activité des professionnels de santé en ville pourraient s’avérer plus forts qu’anticipés. Enfin, la situation financière très dégradée des établissements publics de santé constitue un « point de fuite majeur de l’ONDAM». En conséquence, le déficit de la branche maladie pourrait se dégrader encore pour atteindre 16Mds€ à la fin 2025 (contre 13,8Mds€ en 2024). 
Par ailleurs, pour la première fois depuis 2012, la branche AT-MP dégagerait un léger déficit en 2025 (évalué à 35M€ pour le régime général) lié à la hausse soutenue de ses dépenses portées par les transferts de charge au bénéfice de l’assurance maladie, la revalorisation des rentes ainsi que par la montée en charge du compte professionnel de prévention du Fonds d’investissement pour la prévention de l’usure professionnelle.