Les IJ de nouveau dans le viseur du gouvernement

Publié le 16 avril 2025


Entouré de plusieurs membres du gouvernement, le Premier ministre, François Bayrou, a profité, le 15 avril 2025, de la traditionnelle conférence des finances publiques du printemps, pour alerter sur l’ampleur des économies à réaliser sur les dépenses publiques afin de conserver l’objectif de ramener le déficit à 3% du PIB d’ici 2029. 
La ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, se fixe ainsi l’objectif de réduire de 6% en 5 ans l’ensemble des dépenses publiques, en commençant par économiser de l’ordre de «40Mds€ dès 2026», un effort qui devra être équitablement réparti entre l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités territoriales. Parmi «les dépenses injustifiées» auxquelles le gouvernement souhaite s’attaquer, figure notamment « la dérive des arrêts maladie» qu’il convient de «freiner», selon Amélie de Montchalin. Et ce alors que le durcissement des modalités de calcul des indemnités journalières (IJ) versées par la Sécurité sociale en cas d’arrêt maladie vient à peine d’entrer en vigueur (lire KPS du 1er avril 2025).
Car ces arrêts de travail augmentent, sans que le vieillissement de la population active ne puisse tout expliquer, a renchéri la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet en évoquant «un enjeu de responsabilisation des salariés» mais aussi des «pratiques managériales» qui peuvent y participer. Et dans son avis, publié le 15 avril 2025, le Comité d’alerte sur le respect de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) enfonce également le clou en constatant que les IJ, avec 17Mds€ de prestations versées, ont constitué l’un des postes de dépenses de santé les plus dynamiques l’an dernier, avec une hausse de 8%. Or, en 2024, la croissance des IJ est principalement liée, souligne-t-il, à l’augmentation du nombre de jours d’arrêt de travail indemnisés (effet volume), alors qu’en 2022 et 2023, la croissance du montant moyen de l’indemnité versée (effet prix) avait un impact prépondérant sous l’effet des revalorisations du Smic. Ainsi, sur le champ du régime général de sécurité sociale, la croissance en volume des IJ en 2024 atteint 3,9 points (contre + 3,6 points en valeur) et dépasse celle qui pouvait être constatée en moyenne entre 2016 et 2019. Deux classes d’âge extrêmes contribuent pour plus de la moitié à la hausse des dépenses: les moins de 29 ans et les 60 ans et plus. Et c’est aussi pour ces deux classes d’âge que le nombre moyen de jours d’arrêt de travail augmente le plus.
Un second comité d’alerte budgétaire devrait être réuni en juin.