Les annonces d’Emmanuel Macron pour le système de santé

Publié le 06 janvier 2023


A l’occasion de ses premiers vœux aux acteurs de santé, prononcés le 6 janvier 2023 devant les professionnels du centre hospitalier de Corbeil-Essonnes, le président de la République, Emmanuel Macron a présenté les contours d’une profonde réorganisation du système de santé.

«La réponse à la crise sans fin» du système de soins «ne sera pas qu’une question d’argent ou de moyens», a prévenu d’emblée le chef de l’Etat. Vu les perspectives démographiques des professionnels de santé, «il ne faut pas s’attendre à des améliorations tangibles avant les 5 à 8 ans qui viennent» et «l’offre médicale risque de se dégrader encore davantage dans la décennie qui vient», a reconnu Emmanuel Macron.

Dans ce contexte, l’urgence vise d’abord à «dégager du temps de soignant face aux patients», que ce soit à l’hôpital ou en ville. Ce qui passera par plusieurs mesures :

  • L’accélération et la généralisation du recrutement des assistants médicaux afin de passer de 4000 aujourd’hui à 10000 d’ici la fin 2024 et la bascule de personnels administratifs et techniques auprès des équipes hospitalières au chevet des patients;
  • L’adaptation d’ici le 1er juin, des plannings et des plans de charge à l’échelle des services hospitaliers et la nomination d’un tandem administratif et médical à la tête des hôpitaux;
  • Des mesures destinées à améliorer l’attractivité des métiers et les conditions de vie des personnels à l’hôpital.

En ville, il s’agira aussi, selon le président de la République, de «bâtir un nouveau pacte de droits et de devoirs avec les médecins libéraux» afin de «récompenser» ceux qui acceptent de «coopérer» en vue de construire, d’ici la fin de l’année dans chaque territoire, une solution de santé accessible à tous les citoyens». Pour ce faire, il faut, selon Emmanuel Macron :

  • Développer la téléexpertise et la téléconsultation en supprimant le seuil de 20% d’activité dédiée aux téléconsultations imposé aux médecins qui y participent ;
  • Simplifier et généraliser les délégations d’actes en ouvrant aux professions paramédicales (pharmaciens, infirmières de pratique avancée, sages-femmes…) la possibilité de renouveler les ordonnances des patients atteints de maladies chroniques : l’objectif est que «toutes ces évolutions de compétences soient identifiées d’ici le 1er mars », a précisé le président de la République.
  • Simplifier l’accès aux médecins traitants notamment pour les 600000 patients victimes d’une affection chronique qui en sont actuellement dépourvus : «D’ici la fin de l’année, ces derniers se verront proposer l’accès à un médecin ou à une équipe traitante composée d’un médecin référent et de paramédicaux auxquel celui-ci aura déléguer certaines tâches» ;
  • Généraliser les services d’accès aux soins en l’absence ou en remplacement du médecin traitant.

Un deuxième axe concerne la lutte contre les déserts médicaux et la thrombose des urgences hospitalières via «une meilleure répartition des efforts pour assurer une permanence des soins, via un décloisonnement entre médecine de ville et hôpital». Ce qui suppose :

  • D’inciter financièrement les cliniques privées à s’investir dans la permanence des soins ;
  • De profiter de la négociation conventionnelle en cours pour «mieux rémunérer les médecins de ville qui participent à cette offre de soins non programmés ou acceptent de nouveaux patients dans le cadre des communautés professionnelles de territoires de santé (CPTS).

Un troisième axe de cette réorganisation repose sur une refonte de la tarification des soins pour lutter contre la «concurrence nuisible» entre établissements publics et privés via :

  • Une «sortie d’ici la présentation du prochain PLFSS, de la tarification à l’activité (T2A)» notamment à l’hôpital au profit d’une tarification incluant «une part structurante des rémunérations basée sur des objectifs de santé publique établis à l’échelle de chaque territoire, une rémunération effective des missions réalisées par chacun et une rémunération à l’activité» ;

Un quatrième axe inclura enfin des mesures visant à «responsabiliser les patients pour éviter le gaspillage de temps médical» que ce soit sous forme de rendez-vous médicaux non honorés ou d’un recours abusif aux soins non programmés.