Le regain de Covid-19 du premier trimestre 2022 a déjà coûté à l’assurance maladie obligatoire plus de 3Mds€. Cela laisse craindre un dérapage compris entre 3,9 et 5,4Mds€ en fin d’année, selon les divers scénarios de reprise épidémique, indique le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses de santé dans son avis du 30 mai 2022.
Tablant sur un reflux de l’épidémie en 2022, le gouvernement n’avait en effet provisionné pour cette année que 4,9Mds€ pour financer les dépenses exceptionnelles de tests, d’achats de vaccins et de campagne de vaccination nécessaires pour faire face au Covid. Las ! Sur les 4 premiers mois de l’année, la dépense réelle frise déjà les 8Mds€ du fait de plusieurs dérapages identifiés : les achats de tests de dépistage ont déjà explosé de près de 60% (0,9Md€) la provision constituée de 1,6Md€. Pour honorer ses commandes notamment de vaccins, Santé Publique France a de son côté vu sa dotation initiale (2,6Mds€) gonfler de 1,2Md€ supplémentaire. Et l’assurance maladie enregistre déjà près d’1Md€ d’indemnités journalières liées à l’épidémie imprévues.
Malheureusement, «l’incertitude reste forte sur l’émergence potentielle de nouveaux variants à l’automne», pointe le Comité d’alerte. En se fondant sur les divers scénarios élaborés par la Haute Autorité de santé, le comité estime que les surcoûts liés à la pandémie pourraient être compris entre 8,8 et 10,3Mds€, ce qui correspond à un dérapage compris entre 3,9 et 5,4Mds€ par rapport à la provision initiale. Et «sans que ce chiffre puisse être considéré comme un plafond en cas d’émergence d’une nouvelle vague épidémique plus intense», prévient le Comité d’alerte.
S’agissant des autres postes de dépenses (non liés au Covid), le Comité constate «la poursuite d’une dynamique élevée sur les produits de santé, les indemnités journalières et les transports sanitaires». Les IJ hors Covid (et principalement celles de moins de 3 mois) progressent de l’ordre de 6% sur les 4 premiers mois de l’année comparé à la même période de 2021. De même, les dépenses de transport sanitaire augmentent de près de 10% sur le premier trimestre 2022 par rapport au premier trimestre 2021. Enfin, la hausse des médicaments de ville (+7,5%) et en particulier ceux de la liste en sus (+15%) s’accélère. A contrario, les établissements de santé n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant-crise. Ces premières évaluations ne prennent toutefois pas en compte l’impact de la hausse annoncée du point d’indice dans la fonction publique, sachant qu’une augmentation salariale de 1% se traduit par un surcroît de dépenses de 600M€ sur le périmètre de l’Ondam.
Au final, le Comité pointe «un risque sérieux de dépassement» de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie fixé, en 2022, à 236,8Mds€ dans la loi de financement de Sécurité sociale. Toutefois le mécanisme obligeant le gouvernement à proposer des mesures de redressement dès lors que le dérapage excède 0,5% est suspendu depuis l’émergence de la crise sanitaire.