Réforme des retraites: les pistes alternatives de la Chaire TDTE

Publié le 02 juin 2022


La Chaire Transitions démographiques Transitions économiques (TDTE) a présenté, le 1er juin 2022, ses pistes en faveur d’une «retraite choisie et solidaire entre 60 et 70 ans». Cette chaire de recherche, dirigée par l’économiste Jean-Hervé Lorenzi, traite des enjeux économiques inhérents à la transition démographique en cours et à la société du vieillissement.

Le report de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 65 ans n’est pas la seule voie possible pour inciter les seniors à rester plus longtemps en activité, estime la Chaire TDTE qui ne souhaite pas «participer à la guerre civile (annoncée) autour de l’âge légal de la retraite». En se contentant de laisser la réforme Touraine de 2014 - fondée sur un allongement progressif de la durée de cotisation à 43 ans pour la génération née en 1973 - aller jusqu’à son terme, il est, selon elle, possible de remonter le taux d’emploi des seniors âgés de 55-64 ans de 56 à 66% d’ici 2032. Ce scénario qui, selon la modélisation de la Chaire, déboucherait sur le retour ou le maintien au travail de 825000 seniors supplémentaires, engendrerait un cercle vertueux pour l’équilibre du système des retraites, les finances publiques et la croissance économique.

Pour se concrétiser, ce scénario nécessite toutefois l’adoption d’une batterie de «mesures incitatives» visant à:

  • Doubler l’effort de formation des seniors pour atteindre 60% de seniors âgés de plus de 55 ans formés par an (contre 45% en 2020);
  • Renforcer les politiques de prévention de la santé au travail;
  • Encourager le cumul emploi-retraite (en octroyant des droits supplémentaires et en réduisant les conditions contraignantes) et généraliser la retraite progressive à toutes les catégories de travailleurs en supprimant le régime de décote et en réduisant les cotisations sociales des entreprises favorisant ce dispositif;
  • Accroître la surcote à 2,5% par trimestre supplémentaire pour inciter les salariés à travailler plus longtemps;
  • Rétablir les 4 critères de pénibilité supprimés en 2017 «en les adaptant à la réalité des situations de travail»;
  • Augmenter le nombre maximal de points pour les salariés soumis à un nombre élevé de facteurs de pénibilité et relever de 8 à 16, le plafond de trimestres validés par le C2P tout en relevant la valeur du point utilisé pour entrer en formation;
  • Faire converger, via une clause du grand-père et un alignement des durées de cotisation requises, les régimes spéciaux et ceux de la fonction publique vers le régime des salariés, un rapprochement qui, selon la Chaire TDTE, aurait le mérite de faire économiser 30Mds€ de surcoût lié aux spécificités de ces régimes.