Les inégalités en santé selon les catégories socio-professionnelles persistent

Publié le 11 octobre 2022


Dans le cadre de son «Etat de santé de la population française», mis en ligne le 21 septembre 2022, la Drees a mesuré les inégalités de santé notamment selon les catégories socio-professionnelles.

En matière d’accidents du travail, par exemple, les ouvriers présentent une fréquence beaucoup plus élevée que les cadres avec 37,4 accidents recensés par million d’heures travaillées en 2016, contre 5. Les secteurs les plus touchés sont le BTP (avec 33 accidents au cours de l’année pour 1000 salariés) contre 20,7 sur l’ensemble des secteurs, et une partie des activités de services (intérim, santé, nettoyage…). La probabilité de subir un accident grave ou mortel est plus fréquente chez les ouvriers et augmente globalement avec l’âge, à l’exception notable des moins de 20 ans qui travaillent souvent dans des secteurs à risque fort. Sur les 656000 accidents du travail reconnus en 2019, le nombre d’incapacités permanentes prononcées s’élève à 34000, soit un niveau relativement stable depuis 2013.

Les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent toujours 88% des 50400 nouvelles maladies professionnelles reconnues en 2019, loin devant les maladies liées à l’amiante (6%) et les maladies psychiques liées au travail (2%). Le nombre de ces dernières (1050 en 2019) a toutefois été multiplié par 12 depuis 2012. L’entrée du syndrome d’épuisement professionnel dans la classification internationale des maladies adoptée en MAI 2019 entrée en vigueur en 2022, pourrait encore accélérer cette tendance.

Si 35% des salariés sont exposés à au moins 3 contraintes physiques dans l’exécution de leur travail en 2019, selon la Dares, 69% des ouvriers non qualifiés le sont (+8 points depuis 2005), 61% des ouvriers qualifiés (+4 points), 48% des employés de commerce et services (+11 points), mais seulement 25% des professions intermédiaires (+2 points) et 7 % des cadres (+0 point).

En termes d’exposition aux risques, sur les près de 1,8 million de salariés (soit environ 7% d’entre eux) potentiellement concernés en 2016-2017 par un ou plus des 6 critères pris en compte dans le compte professionnel de pénibilité, seuls 650000 ont effectivement été déclarés exposés à ce titre par leur employeur. Les ouvriers, les travailleurs des secteurs de l’industrie et de la construction, les hommes et les jeunes sont plus fréquemment exposés au bruit, La manutention manuelle de charges est plus fréquente dans la construction, le commerce, la réparation automobile et l’agriculture.

Enfin, les inégalités sociales de santé se reproduisent d’une génération à l’autre et parfois dès la naissance : 31% des enfants d’ouvriers naissent en surcharge pondérale contre seulement 13% des enfants de cadres. Cette inégalité persiste en grandissant : 24% des enfants d’ouvriers en classe de 3% sont en surpoids voire obèses (8%) contre respectivement 12% et 3% des enfants de cadres. Une disparité qui s’explique en partie par des habitudes de vie différenciées selon le milieu social.  

Et seulement 31% des enfants ouvriers sont équipés de lunettes contre 37% de ceux des cadres, faute, cette fois, de dépistage suffisant.

Le risque de déclarer une maladie chronique est, par ailleurs, aussi très variable entre les groupes professionnels, précise une autre étude de la Drees, publiée le 6 octobre 2022. Les ouvriers ont ainsi une plus forte probabilité que les cadres et professions intellectuelles de développer une maladie psychiatrique (risque multiplié par 2,02), un diabète (1,92), une maladie neurologique ou dégénérative (1,52), une maladie du foie ou du pancréas (1,50), une maladie respiratoire chronique (1,43) ou une maladie cardio-neurovasculaire (1,29).