Retraites : le report de l’âge légal de départ en 2010 a entraîné une hausse des arrêts maladie, selon une étude

Publié le 03 mars 2023


Le CEET (centre d’études de l’emploi et du travail) a publié le 1er mars 2023, une étude sur les conséquences de la réforme des retraites de 2010 qui a porté l’âge de départ à 62 ans au lieu de 60 ans.

Selon les chercheurs du CEET, « en repoussant de deux ans l'âge minimum de liquidation de pension, l'ambition de la réforme des retraites de 2010 a été de réduire la charge des pensions et d'augmenter le taux d'activité des seniors, limitant ainsi le déficit des caisses d'assurance-retraite. Mais alors que ce type de réforme entend encourager l'emploi des seniors, plusieurs études montrent qu'une hausse de l'âge légal de départ à la retraite engendre également d'autres effets, tels que l'augmentation du chômage ou de l'invalidité en fin de carrière. »

Ils poursuivent : « l’état de santé de certains individus peut être un frein à l’allongement de leur vie active et, face à l’impossibilité de liquider leur retraite, ne leur reste que la possibilité de bénéficier de l’assurance-invalidité ou de l’assurance-maladie pour faire face à des problèmes de santé ou d’invalidité ».

Les auteurs de l’étude démontrent que le report de l’âge légal il y a plus de 10 ans, a entraîné une augmentation des arrêts maladie pour les personnes concernées par l'allongement de la durée de vie au travail, tant en nombre d’arrêts que pour leur durée. En effet, tant chez les femmes comme chez les hommes, les générations nées entre 1952 et 1954 sont caractérisées par des taux d’arrêts-maladie à chaque âge après 60 ans, supérieurs à ceux des générations non assujetties à la réforme.

L’étude met en évidence une augmentation significative de la fréquence des arrêts maladie de 1,7 points de pourcentage. Le nombre annuel cumulé de jours d’arrêts augmenterait de 1,031 jours et le nombre annuel d’arrêts maladie de + 0,021.

Autre constat de l’étude : la réforme des retraites de 2010 a eu un effet plus fort sur la probabilité d’arrêt pour les individus ayant connu des événements de santé conduisant à des absences maladie de longue durée par le passé. Par ailleurs, ces arrêts sont environ de 1,8 jour par an plus long pour ces individus.

L’augmentation des arrêts maladie dus à l’allongement de la vie au travail entraînerait, selon le CEET, un surcoût global aux alentours de 68 millions d’euros.

Forts de tous ces constats, les chercheurs suggèrent que les mesures de décalage de l’âge de départ en retraite à l'image de celle portée par le gouvernement actuel, puissent "être accompagnées de mesures permettant de tenir compte de l’hétérogénéité des situations parmi la population active". De plus, ces derniers soulignent l’importance de l’amélioration des conditions de travail qui aurait pour effet la préservation de la santé des salariés.