Le Centre technique des institutions de prévoyance (Ctip) a présenté, le 15 juin 2023, les résultats des institutions de prévoyance (IP) pour 2022.
La bonne tenue des marchés financiers et de l’emploi a permis aux IP de conforter leur solidité financière en 2022, en dépit d’un contexte difficile, marqué, selon la déléguée générale du Ctip, Marie-Laure Dreyfus, par une «dérive désormais considérée comme structurelle des arrêts de travail et des remboursements de soins».
Grâce à un marché de l’emploi dynamique et à la signature de plusieurs accords de branche significatifs, les IP ainsi ont couvert 1 million de salariés supplémentaires en un an, soit 14 millions au total. Conséquence, le montant total des cotisations encaissées s’élève à 15,1Mds€ (en hausse de 6,7% en un an) (lire KPS du 14 juin 2022). Cette hausse résulte de la forte croissance des primes en prévoyance ( +9,4%, 7,1Mds€) et en retraite supplémentaire (+10%, 0,9Md€).
A contrario, l’augmentation des cotisations en santé (7,1Mds€) se limite à 3,6%, alors que, de son côté, la dérive des remboursements de soins (6,3Mds€) atteint 7,7%. Les 4 postes les plus contributeurs à cette hausse concernent les médecines douces (+36%), les frais d’hébergement à l’hôpital (+30%), les audioprothèses (+18%) et les soins dentaires (+14%). Car si la réforme du 100% santé a amélioré l’accès aux soins des assurés, elle a aussi, en revanche, contribué à la dérive des remboursements : la charge annuelle supplémentaire due à la réforme s’élève ainsi pour les seules IP à 265M€ qui se répartissent entre 200M€ sur le dentaire, 62M€ sur l’audiologie et 3M€ en optique. Un surcoût «bien supérieur aux projections initiales», a souligné Marie-Laure Dreyfuss.
Conséquence de cette dérive, le déficit technique de l’activité santé des IP a plus que doublé en un an (-192M€ contre -89M€ en 2021), tandis que le ratio combiné des IP qui avait tendance à s’améliorer depuis 2019, s’est de nouveau dégradé en 2022 pour atteindre 103,5%.
La situation n’est guère plus brillante en prévoyance où les IP sont confrontées à une envolée des arrêts de travail qui, en dépit de la fin de la pandémie de Covid, a atteint 30% en 2022 comparé à 2019. Cette dérive structurelle a contraint les IP à des redressements tarifaires significatifs en arrêt de travail pour améliorer un ratio combiné qui reste négatif à 102,9%.
Au final, c’est uniquement grâce aux produits financiers engrangés par leurs 58,4Mds€ de placements, que les IP sont parvenues à tripler, en un an, leur résultat net qui atteint ainsi 463M€ contre 166M€ l’an dernier. Ce résultat a été obtenu en maintenant un taux de redistribution aux assurés de 89%, soit le plus haut taux de retour sur cotisation obtenu depuis 10 ans.