Le système de retraite reste en déficit malgré la réforme

Publié le 23 juin 2023


Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a publié, le 22 juin 2023, son rapport annuel sur les évolutions et perspectives des retraites en France.

En dépit de la réforme des retraites du 14 avril 2023, le système de retraite devrait, après un léger excédent en 2022 et 2023, retomber dès 2024 dans le rouge et le rester a minima jusqu’en 2045 dans le meilleur des scénarios macro-économiques et, à défaut, jusqu’en 2070 dans tous les autres scénarios étudiés.



Tous les régimes ne seraient toutefois pas logés à la même enseigne. Les régimes de base des salariés du privé seraient ainsi à l’équilibre durant les années 2030 tandis que l’Agirc-Arrco resterait excédentaire sur l’ensemble de la période, grâce à ses excédents. A contrario, les régimes de la fonction publique (Etat et CNRACL) devraient connaître des besoins de financement importants du fait notamment de leur démographie déséquilibrée.

Côté dépenses, celles du système de retraite qui ont atteint 360,7Mds€ en 2022 (soit 13,7 points de PIB) ont vocation à se réduire, selon le COR. Elles ne devraient plus représenter que 13,5% du PIB en 2030, en vertu du scénario macroéconomique retenu par le gouvernement pour la présentation de la réforme 2023 (+1% de gains de productivité) et 13% en 2070. A cet horizon, cela représente 0,6 point de moins par rapport aux projections du COR de l’an dernier (lire KPS du 15 septembre 2022). Seul un tiers de cette baisse (0,2 point) serait directement lié à l’impact de la réforme des retraites d’avril 2023.



En revanche, la réforme a bel et bien un impact sur la remontée de l’âge conjoncturel de départ à la retraite qui devrait s’élever de 62,4 ans en 2021 à 64,3 ans aux alentours de 2030 et atteindre 64,6 ans en 2070 (contre 63,9 ans dans les projections 2022). Corollaire de cette élévation de l’âge conjoncturel de départ en retraite, la durée de retraite qui avait atteint un point haut pour la génération née en 1950 (25,8 ans) va diminuer pour atteindre un point bas (inférieur à 24 ans) pour les générations nées entre 1966 et 1968 avant de remonter et atteindre près de 27 ans pour la génération née en 2000.



De même, du point de vue démographique, le ratio actif/retraités s’améliore légèrement du fait de la réforme : égal à 1,77 en 2021 (contre 1,71 en 2020), ce ratio ne diminuerait plus que jusqu’à 1,46 en 2070 contre 1,25 dans les dernières projections du fait d’une progression de la population active plus forte qu’escomptée.



Autre enseignement, la proportion d’assurés ayant connu au moins une période d’emploi l’année de leur départ en retraite continue d’augmenter et atteint près de 57% en 2020, soit une hausse de 8,6 points en une décennie. Cette amélioration résulte de la baisse de la proportion de chômeurs indemnisés sur la période (10,6% au lieu 14,6%) et surtout de la forte réduction de ceux ne validant aucun droit avant de liquider leur pension (24,7% au lieu 30,6%).

Si la pension moyenne (égale à 1570€ en 2021) progresse, elle ne croit pas aussi vit que le revenu net d’activité moyen (2468€ en 2021), tiré par la croissance de la masse salariale et les gains de productivité. A l’horizon 2070, le décrochage se résorbe légèrement du fait de la réforme des retraites qui aura pour conséquence d’améliorer le niveau des pensions.



Comparé à la baisse attendue du poids des dépenses de retraite dans la richesse nationale, les ressources qui s’élevaient en 2022 à 373,7Mds€ vont, de leur côté, diminuer encore plus rapidement : de 13,8 points de PIB en 2022 à 12,2% en 2070, selon le scénario central du COR. Et ce, sous l’hypothèse d’un taux de cotisation inchangé et après prise en compte des hausses de taux annoncées dans le cadre de la réforme de 2023. Ce moindre dynamisme des ressources s’explique par au moins 3 raisons :

1/ Les subventions d’équilibre versées aux régimes spéciaux (dont celui de la fonction publique) vont baisser ;

2/ Les contributions externes de la branche famille et de l’assurance chômage diminuent (du fait d’une moindre natalité et de l’amélioration de la situation de l’emploi) ;

3/ La part des traitements indiciaires des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers dans la masse totale des rémunérations va diminuer alors que ces derniers sont soumis à un taux de cotisation (41%) bien supérieur à celui du privé (28%).