La Fondation Jean Jaurès analyse les causes de l’absentéisme en 2022

Publié le 04 septembre 2023


La fondation Jean Jaurès a publié, le 30 août 2023, une analyse sur l’accroissement de l’absentéisme au travail, réalisée à partir des données de l’Observatoire Diot Siaci. Ses deux auteurs, Romain Bendavid, directeur au sein de l’IFOP, et Sabeiha Bouchakour, directrice prévention QVT au sein de Diot-Siaci, vise à aller «au-delà des nombreux clichés» ciblant «les salariés qui ne seraient plus engagés et un absentéisme de complaisance qui gangrénerait notre système de protection sociale».

Concernant la dynamique d’absences observée en 2022, la note relève déjà l’importance de la pandémie de Covid-19, parmi les motifs d’absence observés l’an dernier : ainsi 43% des salariés arrêtés en 2022 invoque ainsi 1 ou plusieurs contaminations au virus, soit 12 points de plus qu’en 2021 et 8% ont dû gérer la contamination d’un de leurs enfants pour justifier leur absence, selon les résultats de la deuxième vague du Baromètre Diot Siaci mené par l’Ifop. 53% des salariés arrêtés âgés de 18 et 24 ans ont ainsi été rattrapés par le virus.

En dehors du Covid, les causes d’absentéisme demeurent plurielles et ressortent pour la plupart en hausse. Ainsi les arrêts du fait de maladies ordinaires ou saisonnières ont progressé de 6 points en un an, tandis que ceux liés à l’exercice du travail progressent également : +4 points pour les TMS, +3 points pour les RPS, +1 point pour les accidents du travail. A noter pour la première fois, près d’un salariés sur 3 indique s’être arrêté pour cause de «grande fatigue» et 2% reconnaissent s’être arrêtés pour convenance personnelle. A contrario, parmi les 57% de salariés ne s’étant pas du tout absentés en 2022, plus d’un sur 2 (représentant 32% de l’ensemble des salariés) déclarent avoir été malades tout en continuant à travailler.



Cet observatoire confirme l’écart toujours aussi marqué en termes de taux d’absentéisme, selon les catégories professionnelles, quand bien même aucune d’entre elles n’a été épargnée par cette progression globale :



Concernant les secteurs d’activité, ceux du commerce et de la santé affichent, comme en 2021, les taux d’absence les plus élevés :



Enfin, si l’épidémie de Covid-19 explique une bonne part de la hausse observée du taux d’absentéisme qui en 2022 s’élève à 5,65% au global (contre 4,95% en 2021), le taux d’absentéisme inhérents aux arrêts longs (supérieurs à 90 jours) qui étaient déjà les premiers contributeurs de cet absentéisme (46,5%) progresse encore.



Parmi les causes de cette dégradation du taux d’absentéisme, les 2 auteurs de l’étude pointent d’une part, un phénomène de dépression post-crise sanitaire, la pénibilité ressentie au travail qu’elle soit physique ou mentale, mais aussi la baisse notable en 2022 de visibilité des actions de prévention. Un salarié sur deux (53%) estime actuellement connaître les actions menées par leur entreprise sur ces sujets, soit une baisse significative de 6 points par rapport à 2021. De surcroît, seuls 29% des interviewés déclarent les connaître « précisément » (contre 32% en 2022). En outre, le retour au travail des salariés absents (de plus de 5 jours) se caractérise souvent par un manque d’accompagnement, tant de la part du manager que de la médecine du travail et de la DRH. 62% des personnes concernées indiquent avoir été soutenus par leurs collègues, soit une baisse de 7 points par rapport à 2021. Ces proportions deviennent minoritaires et toujours en baisse s’agissant de l’accompagnement par les autres acteurs : le manager (43%, -8 points vs 2021), la médecine du travail dans les structures où elle est présente (40%, -1 point) et les ressources humaines (25%, -9 points. La hausse des absences apparaît ainsi également «révélatrice d’une culture managériale qui, bien que s’étant profondément renouvelée depuis la crise sanitaire, demeure encore fortement ancrée autour d’idées reçues peu susceptibles de l’endiguer : absentéisme de complaisance, vacances supplémentaires… Si la condamnation des abus est évidemment légitime, la question de l’absentéisme ne doit pas pour autant être pas circonscrite à une problématique de désengagement», concluent les 2 experts.