La Chaire Transitions démographiques Transitions économiques (TDTE) a présenté, le 26 octobre 2023, les résultats d’une étude pour expliquer les raisons de l’éviction des seniors du marché du travail, plus importante en France qu’ailleurs en Europe.
Si le taux d’emploi des seniors âgés de 60 à 64 ans, égal à 36,2% en 2022, progresse continument du fait des réformes de retraite successives, il reste significativement inférieur au taux moyen de l’Union européenne (48,5%) selon la dernière étude de la DARES publiée en septembre (lire KPS du 8 septembre 2023). A cette spécificité française s’ajoute le fait que près de 3 retraités sur 4 (73%) ont liquidé leur pension dès qu’ils en ont eu la possibilité, selon le dernier panorama de la Drees publié en juin (lire KPS du 19 juin 2023). Face à ces constats, la Chaire TDTE, présidée par l’économiste Jean-Hervé Lorenzi, a conduit une étude afin d’identifier les déterminants de cette éviction des seniors du marché du travail.
4 principaux facteurs ressortent de cette enquête :
- L’absence de satisfaction dans le travail diminue de 29% la décision de se maintenir en emploi ;
- Les problèmes de santé psychique la diminuent de 8% ;
- Les problèmes de santé physique la diminuent de 4%
- La formation augmente, au contraire, la probabilité de se maintenir en emploi de 5%.
Au vu de ces résultats et soucieuse d’éviter de perdre «la richesse d’expérience, de compétences et de connaissances de l’environnement de travail apportée par ces seniors» la Chaire TDTE suggère de repenser le cadre de travail de ces derniers en :
- personnalisant le parcours professionnel de chaque senior selon ses besoins, ses aspirations ;
- Leur proposant des horaires de travail plus flexibles et du temps partiel, des formations continues,
- prenant en compte la pénibilité de certains métiers ;
- envisageant des voies de reconversion,
- valorisant leur expérience,
- aménageant les postes de travail ;
- favorisant une culture de mentorat où les séniors peuvent aider à former les plus jeunes travailleurs.
Dans cette perspective aussi, la Chaire TDTE émet l’idée de proposer aux quinquagénaires un congé de «réflexion carrière». «Ce dispositif, qui se présente sous la forme d'une période de réflexion offerte aux seniors de 50 à 53 ans, allant de quelques jours à, au maximum, un mois, leur permettrait de faire le point sur leur carrière et de préciser leur projet professionnel. Ce congé pourrait être pris de manière discontinue, en accord avec l'employeur», précise Jean-Hervé Lorenzi et Alain Villemeur dans une tribune publiée par Les Echos du 8 novembre 2023.