Les salariés victimes de maladies chroniques davantage discriminés

Publié le 14 décembre 2023


La Défenseure des droits a publié, le 14 décembre 2023, une étude sur les discriminations dont sont victimes les salariés victimes d’une maladie chronique dans leur travail, à l’occasion de la publication du 16e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi.

Environ une personne sur 6 atteintes d’une pathologie chronique estime ainsi avoir été confrontée à une discrimination ou un harcèlement discriminatoire en raison de son état de santé ou de son handicap, selon cette enquête réalisée en partenariat avec l’Organisation internationale du travail. Et un actif sur 10 déclare en avoir été témoin au cours de son parcours professionnel. Les personnes ayant une maladie visible ont trois fois plus de risques d’y avoir déjà été confrontées par rapport à celles dont la maladie est invisible.

En parallèle, 55% des personnes malades déclarent avoir déjà vécu une situation de harcèlement moral dans l’emploi contre 35% pour le reste de la population active. Et 30% déclarent avoir subi cette discrimination lors d’un entretien d’embauche, contre 13% parmi l’ensemble des actifs. Les conditions d’emploi (le fait d’être à temps partiel et de se sentir souvent isolé au travail), la catégorie socioprofessionnelle ainsi que la pénibilité du métier sont corrélées au fait d’être exposé à une discrimination en raison de l’état de santé ou du handicap.

Conséquence, seuls la moitié des malades ont informé leur employeur ou supérieur hiérarchique de leur état de santé. Parmi ceux qui ne l’ont pas fait, 40 % déclarent redouter les répercussions négatives (sanctions, mesures de représailles, perte de confiance, crainte d’une redistribution des tâches sur d’autres collègues) sur leur travail ou d’un changement d’attitude de la part de leur entourage professionnel. Et 59% (contre 34% des actifs en bonne santé) se sont déjà autocensurés en ne répondant pas à une offre d’emploi. Un tiers environ des personnes atteintes d’une maladie chronique doutent ou ne pensent pas que leur état de santé leur permettra d’exercer le même poste d’ici deux ans, contre 16 % du reste de la population active.

Par rapport au reste de la population active, les personnes atteintes d'une maladie chronique victimes de discrimination dans l'emploi se tournent significativement plus que les autres vers la médecine du travail (17% contre 8%), le référent handicap et l'inspection du travail (9% contre respectivement 3% et 4%). 78 % des salariés malades approuvent les recommandations formulées par le médecin lors des visites de pré-reprise et de reprise qui ont suivi un arrêt de travail de plus de 60 jours, sachant qu’environ un tiers de ces salariés arrêtés au moins 60 jours dans les 5 années précédentes n’ont bénéficié d’aucune visite de reprise. Dans près d’un tiers des cas, l’employeur n’a pas suivi les préconisations de la médecine du travail pour des salariés atteints d’une maladie chronique.

Enfin en matière d’aménagement de poste en vue d’un maintien dans l’emploi, seuls 19% des salariés victimes d’une pathologie chronique en bénéficient, tandis que 29% n’y ont pas accès (alors que leur état de santé le justifie). Pire, dans près d’un quart des cas, cette absence de mesures tient au refus de leur employeur de les mettre en place. Enfin, 40% des personnes malades dont les problèmes de santé sont connus de leur employeur et de leur supérieur déclarent ne bénéficier ni de leur soutien et de leur compréhension.