Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a publié, le 13 juin 2024, son rapport annuel sur les évolutions et perspectives des retraites en France.
Comme il l’avait annoncé en juin 2023 (lire KPS du 23 juin 2023), le système de retraite, encore excédentaire en 2023 (de 3,8Mds€ et 0,1 point de PIB), devrait retomber dès 2024 dans le rouge (avec un déficit estimé à 5,8Mds€ et 0,2 point de PIB). Et il le resterait sans discontinuer jusqu’en 2070, atteignant même un déficit équivalent à 0,8 point de PIB dès 2050, selon le nouveau scénario central du COR.
Tous les régimes ne seraient toutefois pas logés à la même enseigne. Les régimes de base des salariés du privé et le FSV connaîtraient des besoins de financement toute la période de projection. Il en serait de même des régimes de la fonction publique et les régimes spéciaux en raison notamment du creusement du déficit de la CNRACL. A contrario, les régimes de professions libérales et les régimes complémentaires des salariés du privé seraient quant à eux excédentaires sur l’ensemble de la période de projection, notamment du fait des excédents du régime Agirc-Arrco.
Les dépenses du système de retraite se sont élevées 379,7Mds€ en 2023 (+19Mds€ en valeur absolue par rapport à 2022). Toutefois, leur poids dans la richesse nationale a reculé passant de 13,7% en 2022 à 13,4% en 2023, en lien avec le regain de croissance observée. En revanche, entre 2023 et 2030, ces dépenses tendraient à progresser de nouveau plus rapidement que le PIB (de 1,7% en moyenne annuelle versus 1,5%). Sur les années 2024 et 2025, cette accélération serait portée par les revalorisations de pensions du régime de base (+5,3%) et de l’Agirc-Arrco (+4,9%), lesquelles se combineraient avec la hausse du nombre de retraités (+0,9% par an) et celle de la pension moyenne (+0,9% par an).
La réforme des retraites de 2023 contribue, pour sa part, à faire baisser la part des dépenses de retraite de 0,2 point de PIB en 2030, grâce notamment au recul de l’âge moyen de départ. De fait, ce dernier passerait de 62,6 ans en 2021 (contre 62,4 ans en 2020) à 64,5 ans en 2070. Et il progresserait même beaucoup plus rapidement que le COR ne l’anticipait l’an dernier et pourrait même atteindre 64,1 ans dès 2030 (au lieu de 2054 prévu l’an dernier).
Dans un second temps, ce recul de l’âge moyen ne serait plus suffisant pour contrebalancer la progression de la pension moyenne. Si bien que sur le long terme, la part des dépenses représenterait encore 13,2 points de PIB en 2070 (versus 13% dans le scénario médian de l’an dernier).
Du point de vue démographique, le ratio cotisants/retraités s’améliorerait légèrement grâce à une hausse du nombre de cotisants. Le COR en dénombre finalement 30,1 millions en 2022, soit 730000 de plus qu’anticipé l’an dernier. En revanche, sur longue période, ce ratio reste mal orienté et chuterait autour de 1,4 cotisant pour 1 retraité en 2070 du fait de la forte hausse du nombre de retraités : de 17 millions en 2021 à 21,7 millions en 2070.
Comparé à la baisse attendue du poids des dépenses de retraite dans la richesse nationale, les ressources du système de retraites qui s’élevaient en 2023 à 384Mds€ (contre 373,7Mds€ en 2022), sont appelées à baisser rapidement à l’avenir passant de 13,6 points de PIB en 2023 à 13,3% en 2030 et 12,4% en 2070.
Même avec l’hypothèse d’un taux de cotisation inchangé et après prise en compte des hausses de taux annoncées dans le cadre de la réforme de 2023, l’évolution des recettes apparaît moins dynamique que celle du PIB, essentiellement pour plusieurs raisons :
1/ jusqu’en 2027, les projections reposent sur les hypothèses économiques du programme de stabilité 2024, moins favorables que les précédentes du fait d’une prévision de croissance effective a été revue à la baisse sur la période 2024-2025 (-0,6 pt en 2024 et -0,3 pt en 2025) en raison d’un redémarrage plus progressif qu’anticipé de l’activité.
2/ La part des contributions et subventions d’équilibre destinées à équilibrer, par convention, le régime de la fonction publique et les régimes spéciaux serait diminuée d’un peu moins de la moitié à l’horizon 2070, du fait de la baisse attendue des dépenses liées à ces régimes.
2/La baisse de la part des traitements indiciaires des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers cotisant à la CNRACL dans la masse totale des rémunérations a un effet négatif sur la part des ressources dans le PIB.
3/ les contributions externes de la branche famille et de l’assurance chômage diminuent en raison des hypothèses de projection (moins d’enfants et de chômeurs).