Le Conseil d’orientation des retraites a publié, le 15 septembre 2022, son rapport annuel sur les évolutions et les perspectives des retraites en France qui acte une détérioration de l’équilibre financier du système de pension dès 2023.
L’embellie aura été de courte durée! Si le rebond d’activité enregistré entre l’automne 2021 et le printemps 2022 devrait permettre de dégager des excédents (900M€ en 2021 et 3,2Mds€ cette année), le système de pension devrait replonger dans le rouge dés 2023 et le resterait sur les 25 années suivantes, indique le rapport du COR.
Les dépenses de retraite qui se sont élevées en 2021 à 345,1Mds€ (soit 13,8% du PIB et le quart des dépenses publiques) devraient croître sur la période 2021-2027 de 1,8% (hors inflation). Soit un rythme 3 fois supérieur à celui souhaité par le gouvernement dans sa dernière trajectoire de finances publiques de juillet. La hausse pourrait être encore accélérée en intégrant les fluctuations liées à la revalorisation nécessaire des pensions sous l’effet de l’inflation.
En 2032, la part de ces dépenses dans la richesse nationale serait comprise entre 14,2% et 14,7%, selon le scénario macro-économique plus ou moins favorable retenu, relève le COR. Mais cette dégradation relève peut-être d’une illusion d’optique liée à la différence entre le taux de chômage retenu par le gouvernement (5% en 2027) et le taux cible retenu par le COR dans son scénario habituel (7% de chômage). «Rien ne permet d’anticiper que la conjoncture économique sera particulièrement déprimée sur la période 2027-2032», observent d’ailleurs les auteurs du rapport.
Sur le long terme, d’ici 2070, la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable, voire se réduirait à 12,1% du PIB dans le scénario macro-économique le plus favorable, sous l’effet contradictoire de plusieurs phénomènes.
D’un côté, le vieillissement de la population continuerait d’alourdir les dépenses, sous l’effet de la dégradation continue du ratio entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités (lequel passerait de 1,7 cotisant par retraité en 2020 à 1,2 en 2070).
D’un autre côté, la hausse du nombre de retraités serait contrebalancée par le recul de l’âge de la retraite du fait des réformes déjà votées : de 62,3 ans en 2020 à près de 64 ans d’ici la fin des années 2030. Le niveau de vie relatif des retraités rapporté à celui de l’ensemble de la population devrait, quant à lui, chuter de 101,5% en 2019 pour être compris, en 2070, entre 75,5% et 87,2% de celui de l'ensemble de la population, selon le scénario macro-économique retenu.
Comparé au rapport annuel du COR de 2021, la dégradation des perspectives financières du système de retraite s’explique aussi par 2 changements d’hypothèses. D’abord, les projections démographiques, publiées en novembre 2021 par l’Insee, sont plus défavorables comparées à celles retenues l’an passé par le COR. Ensuite, le COR s’appuie sur 4 nouveaux scénarios de gains de productivité du travail (scénarios 0,7 %, 1,0 %, 1,3 % et 1,6 %) associés à un taux de chômage à terme de 7 %, plus défavorables que ceux retenus précédemment (allant de 1% à 1,8%) (lire KPS du 30 novembre 2021).