Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est félicité, le 25 janvier, de la réussite de la réforme du 100% Santé qui, selon lui, est allée «au-delà des espérances» concernant l’accès aux prothèses dentaires et aux aides auditives.
Depuis l’entrée en vigueur de la réforme du 100% Santé en 2019, 10 millions de personnes ont bénéficié des paniers de soins sans reste-à-charge (RAC) ou avec un RAC maîtrisé en optique, dentaire et audioprothèses, selon le bilan du ministère présenté lors de la réunion du comité de suivi de la réforme. Et sur les 11 premiers mois de l’année 2021, 55% des prothèses dentaires et 39% des aides auditives ont été posées gratuitement tandis que le nombre de personnes appareillées en audioprothèse a bondi de 77% entre 2019 et 2021. Cette augmentation historique du chiffre d’affaires de 142% entre 2019 et 2021 (de 158,9M€ à 383,6M€) fait toutefois craindre «des sur-appareillages en nombre croissant, au détriment des patients et des finances sociales», souligne le au Syndicat des audioprothésistes dans un bilan publié le 24 février. D’autant que 53% des utilisateurs des aides sont âgés de plus de 75 ans (75% ont plus de 65 ans) et «doivent être protégés et accompagnés», notamment face au risque de publicité commerciale agressive.
L’optique reste, en revanche, à la traîne, avec un taux de recours aux paniers 100% santé limité à 17% en 2021 (contre 15,5% en 2020).
Comme l’avait souligné l’enquête publiée, le 20 janvier, par l’Union des assureurs complémentaires (Unocam), la réforme coûte aussi plus cher que prévu. Comparé à 2018, l’assurance maladie obligatoire (AMO) a enregistré, sur 2021, 700M€ de dépenses supplémentaires en dentaire et 200M€ en audioprothèse, sous l’effet cumulé des revalorisations des actes et de l’augmentation du taux de recours. Conséquence, le coût de cette réforme pourrait dépasser 1Md€ dès cette année pour l’AMO, soit avec une année d’avance sur le calendrier initial. Conséquence, le cabinet du ministre a indiqué que des travaux avaient été engagés en vue de réviser les paniers de soins et les prix limites de vente dès cette année, au terme des négociations qui seront lancées en avril avec toutes les parties prenantes (complémentaires, professionnels de santé).
Le ministre a confirmé son «attachement» à la mise en place d’un tiers payant intégral sur les offres 100% Santé et n’exclut pas de passer par la voie législative pour accélérer son déploiement. Censé être obligatoire depuis le 1er janvier 2022, le dispositif est freiné par la diversité des outils utilisés par les complémentaires mais aussi par l’insuffisante mobilisation des éditeurs de logiciel et des professionnels de santé (notamment en dentaire) (lire KPS du 23 novembre 2021).
Enfin, s’agissant des contrôles, les résultats de l’enquête diligentée par la DGCCRF auprès de 700 enseignes d’optique et d’audiologie seront publiés au premier trimestre et les syndicats professionnels seront réunis, en février à Bercy, pour discuter de la mise en place des règles de bonne pratique et d’éventuelles sanctions d’ici la fin du premier semestre 2022.